Vaper derrière les barreaux

14/01/2020

Vaper derrière les barreaux

Depuis des dizaines d'années maintenant, la cigarette est vue comme un accessoire indispensable au détenu. Que ce soit dans les films, les séries ou même dans l'imaginaire des gens, un prisonnier est souvent vu avec une cigarette à la main. En effet, dans un milieu où les opportunités de se faire plaisir sont très limitées, fumer reste une échappatoire durant les journées qui se suivent et se ressemblent. Pourtant nombreux sont les détenus qui souhaiteraient sortir du tabac mais qui ne le peuvent pas à cause de leur situation carcérale. En France en 2018, ce ne sont pas moins de 80% des personnes incarcérées qui fument quotidiennement, soit environ 71 OOO détenus.


Autre problème : les non-fumeurs. Les établissements pénitentiaires français étant surpeuplés, les administrations n'ont pas la possibilité de pouvoir séparer les détenus non-fumeurs des fumeurs. En milieu fermé comme dans les maisons d'arrêt ou les centres pénitentiaires, le tabagisme passif reste un fléau difficile à combattre, même avec la meilleure volonté du monde. C'est pour cela qu'en 2018 une campagne unique en France a été mise en place : proposer la vape comme substitut au tabac en milieu carcéral.


Tout a démarré durant l'été 2017 lorsqu'un projet intitulé « Vape en milieu carcéral » est lancé. Le Dr Marie Van der Schueren, en charge du service d'addictologie au CHU de Caen, saute sur l'occasion. A quelques semaines du « Mois sans Tabac », les circonstances sont rassemblées pour pouvoir préparer et lancer ce projet unique et avant-gardiste. Le Dr Van der Schueren prend donc les choses en main et prend contact avec l'Agence Régionale de Santé de Normandie qui répond très favorablement à cette idée en débloquant pas moins de 50 000€ ! Le centre pénitentiaire choisit sera celui de Caen. Notre addictologue se retrouve donc avec des fonds et l'aval de l'administration mais reste un problème de taille : quel matériel et quels produits utiliser dans ce milieu qui est quand même considéré sensible ?


C'est alors que Xavier Guyou, président de l'association la Vape du Coeur, fait son entrée. Avec ses connaissances plus techniques et plus approfondies de la vape, il allait pouvoir épauler le Dr Van der Schueren dans la mise en place et le suivi de ce projet. La définition des besoins des personnes concernées par la « Vape en milieu carcéral » était une priorité. Les détenus ne sont pas des fumeurs normaux. Confrontés à des facteurs de stress importants, ils consomment des quantités de tabac très importantes. Certains sont à environ 50 cigarettes par jour voire même plus ! La transition vers la vape devait donc se faire en douceur et le taux de nicotine devait être adapté. Xavier Guyou est donc intervenu pour proposer ce qu'il fallait : Heisenberg et Red Astaire pour les e-liquides et Vision Spinner 2 avec Protank V2 pour le matériel. Mais ici pas question de donner le matériel au détenu et de le laisser se débrouiller. Le vrai but de cette étude est de fournir des ateliers et un suivi aux patients pour ne pas les laisser tomber. Ils sont déjà en train de purger leur peine pourquoi devraient-ils être aussi punis sur leur santé ? Le partenariat entre le Dr Marie Van der Schueren et Xavier Guyou a donc permis de couvrir tous les aspects et tous les symptômes auxquels les détenus ont dû faire face durant leur démarche d'arrêt du tabac. Le personnel des établissements a été formé correctement et des ateliers étaient organisés une fois par mois avec les participants pour réaliser un suivi le plus qualitatif possible et répondre aux interrogations. Au-delà des raisons de santé, l'aspect très communautaire de la vape est également ressorti naturellement. Cela a permis de créer de nouveaux liens entre détenus et surveillants autour d'un sujet commun : la vape.


Après plusieurs mois d'essai, les résultats ont été très encourageants et très prometteurs puisque de nombreux patients avaient drastiquement réduit leur consommation de tabac voire même complètement stoppé ! Après de tels retours, d'autres Agences Régionales de Santé ont décidé de prendre exemple sur leurs confrères normands et d'ores et déjà des programmes similaires sont en cours de mise place en région parisienne dans plusieurs établissements.


L'équipe BAR à DIY

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